Je connais un mot
Je connais un mot aux ébrouements d’ailes
Il provoque des vertiges de bonheur
Il ressuscite les heures immortelles
Il gonfle les voilures de me rêves
Il nourrit une lueur d’amour dans mes yeux.
Je connais un mot en tourment d’épopée
Il flotte sur l’émail des prairies
Sur la brise ménétrier volant
Sur l’érosion des mornes
Sur la détresse des cigales
Sur la mer immobile et inquiète.
Je connais un mot aux charmes caraïbes
Il brille dans les caprices des rivières
Dans la lune au fond des mares
Dans le bruissement des feuilles
Dans le gazouillis des berceaux
Dans la fumée-panache des chaumières.
Je connais un mot au passé fabuleux
il se moque de la moue de ses ennemis
Il condamne le malheur des taudis
Il tombe de sommeil sur sa natte
Dans la solitude des villes.
Je connais un mot tout flambant d’histoire
Il sonne la diane des petits matins d’émeutes
Lors des rassemblements dans les bois fraternels
Avant de mettre le feu aux champs de cannes
Ayant en poupe le vent de la liberté.
Je connais un mot qui est le bien de tous
Des paysans enchaînés des restavecs
Comme des familles dorées sur tranches
Le bien de l’enfance aux joues émaciées
Devant des tigres déguisés en citoyens.
Je connais un mot qui contient toute ma vie
Mes espoirs et tout mon désespoir
Ma tristesse du dimanche soir
Mes jours complices de l’amour
Mes bondissements de poulain
Lâché en poète dans la savane du monde.
Ce mot donne un sens à mes nuits
Il veille sur la couleur de ma peau
Il est dans la fatalité de mes errances
Il alimente ma haine des injustices
Il est la détente de mes mains prêtes
A gifler ceux qui prostituent leur métier d’hommes
Ce mot est mon navire de paix
Ce mot est mon amour
Ce mot est ma folie: Haïti.
Rene Depestre, Etincelles
Je connais un mot aux ébrouements d’ailes
Il provoque des vertiges de bonheur
Il ressuscite les heures immortelles
Il gonfle les voilures de me rêves
Il nourrit une lueur d’amour dans mes yeux.
Je connais un mot en tourment d’épopée
Il flotte sur l’émail des prairies
Sur la brise ménétrier volant
Sur l’érosion des mornes
Sur la détresse des cigales
Sur la mer immobile et inquiète.
Je connais un mot aux charmes caraïbes
Il brille dans les caprices des rivières
Dans la lune au fond des mares
Dans le bruissement des feuilles
Dans le gazouillis des berceaux
Dans la fumée-panache des chaumières.
Je connais un mot au passé fabuleux
il se moque de la moue de ses ennemis
Il condamne le malheur des taudis
Il tombe de sommeil sur sa natte
Dans la solitude des villes.
Je connais un mot tout flambant d’histoire
Il sonne la diane des petits matins d’émeutes
Lors des rassemblements dans les bois fraternels
Avant de mettre le feu aux champs de cannes
Ayant en poupe le vent de la liberté.
Je connais un mot qui est le bien de tous
Des paysans enchaînés des restavecs
Comme des familles dorées sur tranches
Le bien de l’enfance aux joues émaciées
Devant des tigres déguisés en citoyens.
Je connais un mot qui contient toute ma vie
Mes espoirs et tout mon désespoir
Ma tristesse du dimanche soir
Mes jours complices de l’amour
Mes bondissements de poulain
Lâché en poète dans la savane du monde.
Ce mot donne un sens à mes nuits
Il veille sur la couleur de ma peau
Il est dans la fatalité de mes errances
Il alimente ma haine des injustices
Il est la détente de mes mains prêtes
A gifler ceux qui prostituent leur métier d’hommes
Ce mot est mon navire de paix
Ce mot est mon amour
Ce mot est ma folie: Haïti.
Rene Depestre, Etincelles
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